jeudi 13 octobre 2011

L'amour dans toutes les langues



Quand Raoul me donnait des cours de langue, je me sentais armée pour voyager dans le monde entier, chaque mouvement de ses lèvres sur les miennes était un mot supplémentaire offert à ma culture profonde. Lorsqu'il décidait d'approfondir encore plus le sujet, allant jusqu'à la racine de mon langage le plus expressif, il faisait naître des mots que je n'avais encore jamais dits, des mots qui me permettraient de me faire comprendre au-delà de toutes mes frontières. La musicalité de ces sons était sublime, qu'ils viennent de la vallée ou de recoins perdus, ils précédaient un parfait métissage des peaux, conclusion splendide d'une symphonie parfaite. Parfois, il insistait sur la racine, pour que je fluidifie mes syllabes, et plus il insistait, plus le rythme gagnait en langueur. Personne n'avait un style aussi léché que celui de Raoul, et pendant qu'il m'apprenait la sensibilité de l'espagnol, le style élégant de l'anglais ou la richesse de la langue française, je me délectais de ses talents à l'oral. J'étais une femme comblée, Raoul était aussi bon à l'écrit, et bientôt, sa plume allait écrire un nouveau roman au plus profond de moi, que je pourrais même relire seule, en passant mes doigts sur les caractères de ses plus belles pages, comme une aveugle qui trouverait la lumière...

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